Jacques Rancière prend le parti des ignorants, des incultes, des incapables et de tous ceux qui sont décrétés tels. C'est son geste philosophique, son mouvement de pensée ; c'est le point qu'il n'a cessé de tenir depuis qu'au début des années 70 il a rompu avec son maître Althusser. Non, il n'y a pas d'un côté la masse ignare qui subit l'aliénation et de l'autre les intellectuels qui possèdent la connaissance, «l'élite qualifiée pour diriger le troupeau aveugle» (la Haine de la démocratie, 2005). Qu'il parle de politique ou de l'art - ses deux terrains de prédilection - le philosophe français cherche à comprendre comment un individu perçoit, pense, découpe le monde. Surtout, dans un monde en voie de réaristocratisation, il s'entête à penser que le «partage du sensible» est l'affaire de tous et que dénier à certains la capacité de penser, c'est nier qu'ils puissent devenir des sujets pleins et entiers...
Chez Rancière, la politique et l'art ne cessent de dialoguer, sans jamais se confondre. La politique est la confrontation des sensibles. L'art, lui, ouvre une distance entre l'individu et la place que lui assigne l'ordre social. Cette distance est la condition même de la politique. Comme Marx disait que la question n'était plus de comprendre le monde, mais de le transformer, Rancière écrit : «Le problème n'est pas d'opposer la réalité à ses apparences. Il est de construire d'autres réalités.»Ne tirez pas sur le spectacle ! (Eric Aeschimann - Libération du 27 novembre 2008 )
Ce nouvel essai de Jacques Rancière, trois ans après «la Haine de la démocratie», s'annonce avec modestie comme une réflexion sur les conditions de possibilité d'un art engagé aujourd'hui. D'objections à la pensée de Debord en considérations sur la photographie contemporaine, c'est pourtant rien de moins que la quasitotalité des formes esthétiques et politiques présentes de dénonciation de l'empire marchand que l'auteur entreprend de réfuter avec une exceptionnelle profondeur...
Ce que Rancière suggère donc, c'est de changer de démarche, de présupposer qu'il n'y a aucun mécanisme fatal à déjouer, aucun processus global d'assujettissement dont la compréhension nous permettrait magiquement de nous libérer. Tout est possible, tout reste ouvert et surtout réversible. La force du livre de Rancière, c'est de parvenir à nous en convaincre, de dépasser le révoltisme vide commun à une certaine gauche. (Aude Lancelin - Le Nouvel Observateur du 24 décembre 2008 )
Flatté par l'industrie culturelle, le spectateur est largement méprisé par la critique esthétique et la radicalité politique. Car, contrairement aux créatifs, le spectateur est passif ; à l'inverse des acteurs, il demeure un consommateur. Philosophe attaché à l'égalité des intelligences, Jacques Rancière défait magistralement ce poncif qui, de Platon à Guy Debord, fait du théâtre, des images et de la représentation, des scènes d'illusion...
Pour Rancière, nous sommes tous égaux devant le "partage du sensible", à l'image de ces ouvriers des années 1830, auxquels cet auteur a consacré de nombreuses années de recherche, autant capables que des dandys bourgeois de jouir des formes esthétiques ou d'élaborer des hypothèses métaphysiques. Après l'ère du soupçon, une nouvelle séquence peut donc s'ouvrir pour le spectateur, celle de l'émancipation. (Nicolas Truong - Le Monde du 30 janvier 2009 )
« Celui qui voit ne sait pas voir » : telle est la présupposition qui traverse notre histoire, de la caverne platonicienne à la dénonciation de la société du spectacle. Elle est commune au philosophe qui veut que chacun se tienne à sa place et aux révolutionnaires qui veulent arracher les dominés aux illusions qui les y maintiennent. Pour guérir l aveuglement de celui qui voit, deux grandes stratégies tiennent encore le haut du pavé. L une veut montrer aux aveugles ce qu ils ne voient pas : cela va de la pédagogie explicatrice des cartels de musées aux installations spectaculaires destinés à faire découvrir aux étourdis qu ils sont envahis par les images du pouvoir médiatique et de la société de consommation. L autre veut couper à sa racine le mal de la vision en transformant le spectacle en performance et le spectateur en homme agissant. Les textes réunis dans ce recueil opposent à ces deux stratégies une hypothèse aussi simple que dérangeante : que le fait de voir ne comporte aucune infirmité ; que la transformation en spectateurs de ceux qui étaient voués aux contraintes et aux hiérarchies de l action a pu contribuer au bouleversement des positions sociales ; et que la grande dénonciation de l homme aliéné par l excès des images a d abord été la réponse de l ordre dominant à ce désordre. L émancipation du spectateur, c est alors l affirmation de sa capacité de voir ce qu il voit et de savoir quoi en penser et quoi en faire. Les interventions réunies dans ce recueil examinent, à la lumière de cette hypothèse, quelques formes et problématiques significatives de l art contemporain et s efforcent de répondre à quelques questions : qu entendre exactement par art politique ou politique de l art ? Où en sommes-nous avec la tradition de l art critique ou avec le désir de mettre l art dans la vie ? Comment la critique militante de la consommation des marchandises et des images est-elle devenue l affirmation mélancolique de leur toute-puissance ou la dénonciation réactionnaire de l « homme démocratique » ?
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