Pendant la Révolution de 89 les évocations de Jésus sont rares ; souvent anticléricales et piquantes, elles présentent surtout un « sans-culotte » de Nazareth, ennemi des « aristos » et des prélats. En 1848, Jésus, fort souvent évoqué, est devenu l'avocat et le symbole d'un nouvel ordre utopique, voire le garant de la violence révolutionnaire.
Pluridisciplinaire dans sa méthode, l'ouvrage rend compte de cette évolution en analysant les différents discours sur Jésus (en théologie et en spiritualité jusqu'aux romans et aux interprétations socialistes des Évangiles). Ainsi s'éclaire la polémique de l'époque sur le Christ : maître d'amour ? voix du désespoir ? avocat du refus de ce monde ? annonciateur d'un nouvel ordre social ? être mythique ou personnage historique qu'il faut démythologiser ? symbole justifiant la souffrance ou donnant caution à la violence ? Joseph de Maistre et Maine de Biran, Vigny et Sand, Lamennais et Lacordaire, Cousin et Michelet, Fourier et Cabet, chaque écrivain romantique propose sa propre conception du Christ. Conceptions sans doute lacunaires, mais qui mettent en relief bien des discussions actuelles sur la signification du Christ. Voici les proches ancêtres du modernisme et de la théologie de la libération, mais aussi de l'intégrisme.